Dieu, la science, les preuves - l'aube d'une révolution

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Sommaire
Préface
Avertissement
Avant-propos

INTRODUCTION
1 - L’aube d’une révolution
2 - Qu’est-ce qu’une preuve ?
3 - Implications résultant des deux théories « il existe un dieu créateur » versus « l’Univers est exclusivement matériel »

LES PREUVES LIÉES À LA SCIENCE
4 - La mort thermique de l’Univers : histoire d’une fin, preuve d’un début
5 - Une brève histoire du Big Bang
6 - Le roman noir du Big Bang
7 - Tentatives d’alternatives au Big Bang
8 - Le principe anthropique ou les fabuleux réglages de l’Univers
9 - Les multivers : théorie ou échappatoire ?
10 - Premières conclusions : un petit chapitre pour notre livre, un grand pas pour notre raisonnement
11 - Biologie : le saut vertigineux de l’inerte au vivant
12 - Ce qu’en disent les grands savants eux-mêmes : 100 citations essentielles
13 - En quoi croient les savants ?
14 - En quoi croyait Einstein ?
15 - En quoi croyait Gödel ?

LES PREUVES HORS SCIENCE
16 - Les vérités humainement inatteignables de la Bible
17 - Les « erreurs » de la Bible qui, en réalité, n’en sont pas
18 - Qui peut être Jésus ?
19 - Le peuple juif : un destin au-delà de l’improbable
20 - Fátima : illusion, supercherie ou miracle ?
21 - Tout est-il permis ?
22 - Les preuves philosophiques contre-attaquent
23 - Les raisons de croire à l’inexistence de Dieu selon les matérialistes

CONCLUSION
24 - Le matérialisme : une croyance irrationnelle
Annexe 1 : Repères chronologiques
Annexe 2 : Repères des ordres de grandeur en physique
Annexe 3 : Repères des ordres de grandeur en biologie
Glossaire
Remerciements
Table des matières détaillée


Préface

Robert Woodrow Wilson, prix Nobel de physique 1978, est, avec Arno Penzias, le découvreur, en 1964, du rayonnement de fond cosmologique, véritable écho du Big Bang. Cette découverte a permis de prouver que notre Univers a eu un commencement.

Ce livre est une très bonne présentation du développement de la théorie du Big Bang et de son impact sur nos croyances et notre représentation du monde. Après avoir lu les différents chapitres consacrés à la cosmologie, je pense que cet ouvrage offre une perspective particulièrement intéressante sur la science, la cosmologie et leurs implications philosophiques ou religieuses.
Selon les auteurs, Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies, tous deux ingénieurs, un esprit supérieur pourrait être à l'origine de l'Univers ; bien que cette thèse générale ne m’apporte pas une explication suffisante, j’accepte sa cohérence. Car même si mon travail de cosmologiste se limite à une interprétation strictement scientifique, je peux comprendre que la théorie du Big Bang puisse susciter une explication métaphysique. Dans l’hypothèse d’un Univers stationnaire défendue par Fred Hoyle, mon professeur de cosmologie au Caltech, l'Univers est éternel et la question de sa création ne se pose pas. Mais si, à l’inverse, comme le suggère la théorie du Big Bang, l'Univers a eu un commencement, alors nous ne pouvons pas éviter la question de la création.
Il se trouve qu’au début de ma carrière, comme la plupart de mes collègues, je pensais que l'Univers était éternel. À mes yeux, le cosmos avait donc toujours existé et la question de son origine ne se posait même pas. Or, je ne savais pas que j'étais sur le point de découvrir par hasard quelque chose qui allait changer à jamais ma vision de l'Univers. Au printemps 1964, mon collègue Arno Penzias et moi nous nous préparions à utiliser sur le site des laboratoires Bell, à Holmdel, le grand réflecteur de 20 pieds pour réaliser plusieurs projets de radioastronomie. L'un d'eux consistait à rechercher un halo autour de la Voie lactée. Mais pendant les expériences préliminaires de contrôle, nous avons constaté la présence inattendue et indéniable d’un « bruit » en excès détecté par l’antenne. À cette époque, nous étions encore loin de réaliser que ce mystérieux « bruit » ne pouvait être rien de moins que l'écho de la création de l'Univers. Or, par chance, l’un de nos amis, le radioastronome Bernie Burke a attiré à ce moment-là notre attention sur les travaux d'un jeune physicien de Princeton, Jim Peebles. Suivant les suggestions du professeur Robert Dicke, il avait établi par le calcul que le rayonnement résiduel du Big Bang pourrait être détecté dans le cosmos. Il avait rédigé à l'époque un article encore inédit sur cette hypothèse. Inspirés par les perspectives extraordinaires de cet article (des prédictions qui, parallèlement à une carrière exceptionnelle en cosmologie, ont valu à Jim Peebles le prix Nobel en 2020), nous avons rapidement effectué quelques tests finaux et publié nos mesures en même temps que l'article de Peebles et Dicke. La seule explication plausible de nos mesures était que nous avions sans doute trouvé le « rayonnement fossile » provenant d’une époque très ancienne de l’Univers, comme prédit par Dicke et calculé par Peebles.
Notre découverte a définitivement fait voler en éclats la croyance selon laquelle l'Univers n'avait ni début ni fin. Le plus étonnant, c'est que depuis les premières microsecondes après le Big Bang et jusqu'à aujourd'hui, l'évolution de l'Univers prédite par la physique actuelle corresponde si bien à nos observations. Ainsi, la théorie du Big Bang semble être une représentation fidèle de la façon dont l'Univers a commencé et s'est développé. Je pense qu'il s'agit d'un accord remarquable entre la théorie et l'observation.
Cependant, cette image confortable présente deux problèmes. Le premier est qu’à l’heure actuelle, nous ne connaissons qu’environ 4 % de la matière et de l'énergie de l'Univers. La matière noire et l'énergie noire représentent respectivement environ 26 % et 70 % de ce que contient l’Univers, mais nous ne savons pas de quoi il s’agit. La résolution de ce problème pourrait faire émerger une nouvelle physique qui bouleverserait notre compréhension actuelle de la genèse et de l’évolution de notre Univers depuis le Big Bang. Le second problème est peut-être plus sérieux encore. En effet, pour que l'Univers primordial ait pu évoluer vers celui qui nous a engendrés et que nous comprenons aujourd'hui, le Big Bang a nécessairement dû être réglé de manière ultraprécise. Des écarts incroyablement faibles dans la densité de l'Univers primitif auraient provoqué soit une expansion si rapide que le Soleil et la Terre ne se seraient jamais formés, soit au contraire une expansion de courte durée suivie d’un nouvel effondrement, bien avant la naissance du Soleil, il y a environ 4,7 milliards d'années. Comme nous le verrons dans cet ouvrage, il se peut que l'inflation cosmique ait déclenché l’expansion de l’espace-temps de la manière requise. Cependant, l'inflation cosmique dépend d'une nouvelle physique qui, même si elle n’entre pas en conflit avec notre physique actuelle, n'est soutenue par aucune autre observation. De plus, une forme très spécifique de théorie de l'inflation est requise : ce modèle exige que les valeurs de certaines constantes physiques soient parfaitement ajustées. En fait, l'une d'entre elles, la constante cosmologique d'Einstein, diffère par 120 ordres de grandeur de ce qu'un physicien appellerait sa valeur naturelle. Ainsi, si l'inflation a pu régler le Big Bang juste avec les valeurs requises, cette phase n’aurait pu avoir lieu sans obéir à des contraintes spécifiques. Par conséquent, l’inflation repousse simplement d'un niveau la question de l'origine de l’Univers sans la résoudre vraiment. L'une des réponses actuelles à ce problème est que nous faisons peut-être partie d'un « multivers » qui existe depuis toujours, de sorte qu'il se serait produit un nombre infini de Big Bangs, chacun avec des constantes physiques aléatoires. Selon ce point de vue, nous vivons dans l'un de ces univers qui a bénéficié des bonnes constantes initiales pour nous engendrer comme le décrit le principe anthropique bien connu. Mais selon moi, aucune de ces hypothèses ne propose une explication scientifique convaincante de la façon dont l’Univers, en fin de compte, a pu commencer.
En accord avec les connaissances scientifiques actuelles, ce livre explore l'idée d'un esprit ou d'un Dieu créateur, idée que l’on retrouve dans de nombreuses religions. Il est certain que si vous êtes religieux au sens fixé par la tradition judéo-chrétienne, je ne vois pas de meilleure théorie scientifique que celle du Big Bang et de l’origine de l’Univers susceptible de correspondre à ce point aux descriptions de la Genèse. En un sens, cependant, cela repousse une nouvelle fois la question de l'origine ultime. Comment cet esprit ou ce Dieu est-il apparu ? Et quelles sont ses propriétés ?
Parfois, lorsque je lève les yeux vers les milliers d'étoiles qui brillent dans la nuit, je pense à toutes les personnes qui, comme moi, ont levé de la même manière les yeux vers le ciel et se sont demandé comment tout cela a commencé. Je ne connais certainement pas l’explication. Mais peut-être que certains lecteurs auront la chance de trouver un début de réponse dans cet ouvrage.
Robert W. Wilson,
Université de Harvard, le 28 juillet 2021

Avertissement
Chère lectrice, cher lecteur,
Ce livre est l’aboutissement d’un travail de recherche de plus de 3 ans, mené avec l’aide de 20 spécialistes.
Son objectif est unique : vous donner les éléments nécessaires pour réfléchir à la question de l’existence d’un dieu créateur, une question qui se pose aujourd’hui dans des termes complètement nouveaux.
Notre souhait est qu’au terme de cette lecture, vous puissiez avoir en main tous les éléments qui vous permettront de décider de ce que vous voulez croire, en toute liberté et de manière éclairée.
Nous livrons ici des faits, rien que des faits. Ce travail amène à des conclusions qui contribueront, nous l’espérons, à ouvrir un débat essentiel.
Nous vous souhaitons une excellente lecture !

Michel-Yves Bolloré
Olivier Bonnassies
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Avant-propos
Passionnés depuis toujours par la confrontation entre la science et la question de l’existence de Dieu, nous avons longtemps cherché le livre que nous aurions aimé lire sur ce sujet, mais nous ne l’avons pas trouvé. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes lancés dans le travail et l’écriture de cet ouvrage.
Nous avons mené ce travail comme une enquête rigoureuse. Notre souci a été de naviguer en conservant le cap de la rationalité et d’éviter deux écueils de notre époque. D’un côté, celui des créationnistes qui récusent les découvertes modernes et adhèrent à des croyances fantaisistes ; de l’autre, celui des matérialistes qui refusent de prendre en considération les conséquences qui découlent des avancées scientifiques les plus récentes.
Dans cette époque d’intense bouillonnement, de nombreuses découvertes sont en effet venues ébranler quelques-unes des vieilles certitudes ancrées dans nos esprits depuis le début du XXe siècle.
Jusqu’à il y a peu, croire en Dieu semblait incompatible avec la science. À présent, de façon inattendue, la science semble devenir l’alliée de Dieu et le matérialisme, qui n’est qu’une croyance comme une autre, chancelle chaque jour davantage.
Nous vous invitons à nous suivre dans cette enquête.
Cet ouvrage, écrit dans une langue accessible, sans pour autant sacrifier à l’exactitude, peut être lu par tous. Il est constitué de chapitres indépendants que le lecteur pourra aborder librement, suivant ses préférences. Comme devant un buffet, il pourra choisir ceux qui l’intéressent le plus, laissant de côté ou pour plus tard ceux qu’il jugerait rébarbatifs ou trop ardus.
Nous avons œuvré de notre mieux pour rendre accessible l’histoire de ce qui nous apparaît comme l’aube d’une révolution. Nous laissons le reste à votre libre appréciation.

INTRODUCTION

1
L’aube d’une révolution
Il n’y a jamais eu autant de découvertes scientifiques, jamais d’aussi spectaculaires et qui soient apparues en aussi peu de temps. Elles sont venues bouleverser notre vision du cosmos et remettre sur la table, avec force, la question de l’existence d’un dieu créateur.
La physique, comme un fleuve en crue, a débordé de son lit et est venue télescoper la métaphysique. De cette collision ont jailli des éléments montrant la nécessité d’une intelligence créatrice. Ces nouvelles théories enflamment depuis près d’un siècle les discussions des savants. C’est en premier lieu cette histoire que nous voulons raconter dans ce livre.
Nous vivons en effet un moment étonnant de l’histoire des connaissances. Les progrès des mathématiques et de la physique ont été tels que des questions que l’on croyait à jamais hors de portée du savoir humain, comme le temps, l’éternité, le début et la fin de l’Univers, l’improbabilité des réglages de l’Univers et de l’apparition de la vie, sont devenues des sujets de science.
Ces avancées scientifiques qui ont surgi au début du XXe siècle ont entraîné un renversement complet de la pensée par rapport à la tendance des siècles précédents, où l’on jugeait le champ scientifique incompatible avec toute discussion relative à l’existence de Dieu.
Le choc de découvertes révolutionnaires
La mort thermique de l’Univers est la première d’entre elles. Issue de la théorie de la thermodynamique apparue en 1824, confirmée en 1998 par la découverte de l’expansion accélérée de l’Univers, cette mort thermique implique que l’Univers a eu un début ; or tout début suppose un créateur.
La théorie de la Relativité ensuite, élaborée entre 1905 et 1915 par Einstein et validée par de nombreuses confirmations. Elle affirme que le temps, l’espace et la matière sont liés et qu’aucun des trois ne peut exister sans les deux autres. Ce qui implique que s’il existe une cause à l’origine de notre Univers, elle est nécessairement non temporelle, non spatiale et non matérielle.
Le Big Bang, en troisième, théorisé dans les années 1920 par Friedmann et Lemaître puis confirmé en 1964. Il décrit le début de l’Univers de façon si précise et spectaculaire qu’il a provoqué une véritable déflagration dans le monde des idées, au point que, dans certains pays, c’est au péril de leur vie que les scientifiques l’ont défendu ou étudié. Nous consacrerons un chapitre entier aux persécutions et aux exécutions ignorées ou occultées qui ont prouvé, de façon tragique, l’importance métaphysique de ces découvertes.
Le réglage fin de l’Univers, en quatrième, et le principe anthropique qui en résulte, admis largement depuis les années 1970. Ils posent un tel problème aux cosmologistes matérialistes que, pour le contourner, ceux-ci s’efforcent d’élaborer des modèles purement spéculatifs et parfaitement invérifiables d’univers multiples, successifs ou parallèles.
La biologie, enfin, qui a mis en évidence à la fin du XXe siècle la nécessité d’un réglage fin supplémentaire de l’Univers : celui qui a permis le passage de l’inerte au vivant. En effet, ce que l’on estimait auparavant n’être qu’un saut à effectuer d’un côté à l’autre du fossé séparant l’inerte le plus complexe connu du vivant le plus simple connu, s’est révélé en réalité le franchissement d’un gouffre immense, qui n’a certainement pas pu se réaliser par les seules lois du hasard. Et si nous ne savons aujourd’hui ni comment cela s’est produit ni, a fortiori, comment répliquer un tel événement, nous en savons assez pour évaluer son infinie improbabilité.
Pendant les siècles précédents, pourtant, les découvertes scientifiques successives semblaient aller à l’encontre de la foi
Depuis la fin du XVIe siècle, les découvertes scientifiques semblaient converger pour saper les fondements de la croyance en Dieu et ébranler les piliers de la foi. En voici un bref rappel historique :
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– La démonstration que la Terre tourne autour du Soleil et non l’inverse (Copernic 1543 – Galilée 1610).
– La description mathématique d’un Univers mécanique simple et compréhensible (Newton 1687).
– L’âge très ancien de la Terre, qui n’est pas de quelques milliers d’années seulement (Buffon 1787).
– Les postulats déterministes d’un Univers où il n’y a plus besoin d’anges pour pousser les planètes (Laplace 1805).
– L’apparition de la vie par un processus évolutif naturel qui ne se compte pas non plus en milliers d’années, mais bien plutôt en millions ou milliards d’années (Lamarck 1809).
– L’idée que cette évolution repose non sur une intervention divine, mais sur la sélection naturelle (Darwin 1859).
– La théorie du marxisme scientifique matérialiste qui, comme une aube nouvelle pleine de séduction, laissait miroiter un monde d’égalité et de justice (à partir de 1870).
– Les idées de Freud (vers 1890) théorisant un homme qui n’est même pas maître de ses propres pensées, et à qui cette nouvelle science proposait une vie « libérée de ses préjugés ».
Avec quelque fatuité, le psychanalyste viennois put parler des « trois humiliations » que l’homme moderne subissait avec Copernic, Darwin et lui-même. En effet, les blessures d’amour-propre s’accumulaient : l’homme moderne perdait sa place au centre géographique de l’Univers, il perdait de sa superbe en apprenant qu’il « descend du singe » et, enfin, avec la théorie de l’inconscient, il perdait même l’autonomie et la responsabilité de ses pensées les plus profondes.
Ainsi, pendant trois siècles, de Galilée à Marx en passant par Darwin et Freud, un grand nombre de connaissances qui constituaient le socle apparemment inébranlable de la pensée occidentale vacillèrent sur leur base, semant le désarroi chez nombre de croyants. Sur le fond, il n’y avait pas de raison d’être ébranlé par ces nouvelles découvertes, car celles qui étaient vraies n’entraient nullement en contradiction avec leur foi. Mais il leur manquait le recul et les connaissances nécessaires pour en prendre conscience. Ces avancées scientifiques furent donc accueillies avec incrédulité, voire hostilité, tant il est vrai qu’abandonner des certitudes anciennes et modifier son paysage mental demande souvent un immense effort.
À l’inverse, les matérialistes s’emparèrent avec enthousiasme de ces découvertes et s’appuyèrent sur elles pour justifier leurs thèses. Leur entreprise fut grandement facilitée par le fait que, simultanément, le progrèstechnique éradiquait en Occident les famines et les épidémies, guérissait la plupart des maladies, allongeait la durée de vie, supprimait la mortalité infantile et fournissait aux hommes une abondance de biens matériels sans précédent. La science faisait reculer la religion, tandis que cette opulence matérielle rendait apparemment sans objet le besoin de se tourner vers un dieu quelconque pour résoudre les problèmes des hommes.
Porté par ce contexte très favorable, le matérialisme semblait régner sans partage sur le monde intellectuel de la première moitié du XXe siècle.
Dans de telles circonstances, beaucoup de croyants en Occident abandonnèrent leur foi d’autant plus facilement qu’elle ne reflétait plus déjà, pour nombre d’entre eux, qu’un caractère superficiel et mondain. Et parmi ceux qui la conservèrent, beaucoup conçurent un complexed’infériorité vis-à-vis du rationalisme. Ils se tinrent donc à l’écart des débats scientifiques et philosophiques, cantonnés à leur sphère intérieure d’où ils étaient d’ailleurs priés de ne pas sortir sous peine de subir moqueries, mépris ou hostilité de la part de la classe matérialiste devenue intellectuellement dominante.
La seconde moitié du XXe siècle voit le crépuscule de cette tendance matérialiste qui semblait irrésistible
Jusqu’au milieu du XXe siècle, la raison humaine était ainsi enfermée entre trois grilles d’analyse qui la coupaient de toute aspiration spirituelle : le marxisme, le freudisme et le scientisme. Mais des lézardes finirent par apparaître, premiers signes d’un écroulement qui allait être total.
– Dans la première moitié du XXe siècle, la croyance en un Univers simple, mécaniste et déterministe fut anéantie par la confirmation de l’exactitude des principes de la mécanique quantique et de ses postulats d’indétermination.
– En 1990, l’échec et l’effondrement du bloc marxiste soviétique, et l’abandon de cette doctrine économique par le bloc communiste asiatique, prouvèrent au monde la fausseté des thèses matérialistes marxistes. Au passage, cet effondrement révéla les horreurs économiques, politiques et humaines dont elles avaient accouché, comme l’existence des goulags où les morts se comptaient par millions.
– Cette désillusion fut à peu près concomitante de la remise en cause des théories freudiennes. Publié en 2005, le Livre noir de la psychanalyse1 fait le bilan critique de la vie et de la chute de l’idole intellectuelle du milieu du XXe siècle. Cependant, même si elle était tombée de son piédestal2, l’idole laissait derrière elle ce qu’elle avait engendré, notamment une conception de l’éducation très permissive et la liberté sexuelle. Tout ceci allait durablement façonner l’Occident moderne.
Certes, la chute simultanée de ces trois piliers intellectuels du matérialisme ne s’accompagna pas d’un retour à la foi, mais elle affaiblit considérablement ce système de pensée, qui reçut un coup supplémentaire avec les découvertes cosmologiques évoquées précédemment. Celles-ci apportaient des arguments scientifiques extrêmement puissants en faveur de l’existence d’un dieu créateur et furent, pour cette raison, très mal reçues par les scientifiques athées qui s’y sont opposés dès les années 1930 et au-delà, aussi longtemps qu’il fut raisonnablement possible de le faire.
Nous consacrerons un long chapitre à cette résistance de certains matérialistes qui a pris différentes formes, depuis le soutien systématique aux théories spéculatives alternatives – comme le Big Crunch ou les univers multiples – pour contrecarrer le Big Bang, jusqu’à la déportation, voire l’exécution de nombreux savants en URSS et en Allemagne. Cela en dit long sur la capacité des hommes à accepter des thèses scientifiques qui contrarient leurs croyances…
Ce rappel de l’histoire des idées était nécessaire pour resituer notre réflexion dans son contexte historique et idéologique. S’il a été difficile aux croyants d’accepter Galilée et Darwin alors que, sur le fond, leurs découvertes n’étaient pas incompatibles avec leur foi, il sera bien plus difficile encore aux matérialistes d’accepter et d’assimiler la mort thermique de l’Univers et ses réglages fins, car ces découvertes leur posent des problèmes insurmontables. Il ne s’agit pas là, en effet, d’une simple mise à jour de leur pensée, mais d’une remise en cause radicale de leur univers intérieur.
L’acceptation de la vérité peut être entravée par les passions
Notre capacité à accepter une thèse, fût-elle scientifique, ne dépend pas seulement des preuves rationnelles qui l’accréditent, mais aussi de l’enjeu affectif attaché aux conclusions de cette thèse.
Ainsi, à titre d’exemple, nous pouvons remarquer qu’il y a aujourd’hui des sujets scientifiques passionnellement neutres, comme par exemple la cause de l’extinction des dinosaures, l’origine de la Lune, l’origine de l’eau sur la Terre ou la disparition brutale de l’homme de Neandertal, dont les scientifiques débattent parfois avec vivacité, chacun pouvant soutenir des thèses différentes, voire opposées, mais dont les issues intellectuelles, quelles qu’elles soient, seront in fine acceptées par tous, parce que ces sujets sont dépourvus d’enjeu passionnel.

Mais dès que l’on entre dans des sujets sensibles qui, même scientifiques, sont en partie politisés, comme le réchauffement climatique, l’écologie, l’intérêt de l’énergie nucléaire, le marxisme économique, etc., l’intelligence n’est plus aussi libre de raisonner normalement, car les options politiques, les passions et les intérêts personnels interfèrent avec la raison.

Le phénomène est particulièrement aigu quand on aborde le sujet de l’existence d’un dieu créateur. Face à cette question, les passions sont bien plus fortes encore, car ce qui est alors en jeu, ce n’est pas une simple connaissance, mais bien notre vie même. Avoir éventuellement à reconnaître, en conclusion d’une étude, que l’on pourrait n’être qu’une créature issue et dépendante d’un créateur est perçu par un grand nombre comme une remise en cause fondamentale de leur autonomie.

Or, nombreux sont ceux pour qui le désir d’être libres et autonomes, de pouvoir décider seuls de leurs actions et de n’avoir « ni Dieu ni maître » prime tout le reste. Leur moi profond se sent agressé par la thèse déiste et se défend en mobilisant toutes ses ressources intellectuelles, non pas pour la recherche de la vérité, mais pour la défense, jugée prioritaire, de son indépendance et de sa liberté.
Il n’est donc pas étonnant que ce sujet suscite des réactions qui vont souvent de l’indifférence ennuyée à la dérision, au mépris, voire à la violence, en lieu et place d’une argumentation réfléchie.

Radiotélescopes utilisés par le programme SETI au Nouveau-Mexique.
Il est révélateur, par exemple, que l’on préfère consacrer beaucoup de temps et d’argent à la recherche d’éventuels extraterrestres, comme dans le cadre du programme SETI (Search for Extra-Terrestrial Intelligence), plutôt que de consacrer un peu d’attention à l’hypothèse d’un dieu créateur. S’il existe, qu’est-il, en effet, sinon un super-extraterrestre ? Contrairement à de potentiels extraterrestres, son existence est plus probable et mieux admise, et les traces de son action dans l’Univers plus tangibles. Un tel déséquilibre manifeste finalement une forme de peur. Pour un esprit matérialiste, capter des signes lointains de vie extraterrestre est certes palpitant, mais n’implique pas une remise en question existentielle ; au contraire, prendre conscience que Dieu existe se fait au risque d’un immense bouleversement intérieur.
L’idéologie et les passions peuvent donc faire entrave à l’acceptation de la vérité et à l’examen serein de preuves susceptibles de révolutionner notre conception du monde.
Au seuil de ce livre, nous tenons à préciser que nous n’avons ni le désir ni l’ambition de militer pour une religion, pas plus que de nous engager dans des développements relatifs à la nature de dieu ou de ses attributs. La vocation de ce livre est seulement de rassembler en un même volume l’état le plus à jour des connaissances rationnelles relatives à la possible existence d’un dieu créateur.
Déterminer d’abord ce qu’est une preuve en science
Afin d’établir clairement la valeur des preuves que nous allons présenter, nous commencerons par étudier ce qu’est une preuve en science ; pour cela, nous analyserons la nature des mécanismes du raisonnement scientifique.
Nous déterminerons ensuite les implications qui résultent des deux thèses ou croyances opposées : croyance en l’existence d’un dieu créateur versus croyance qu’il n’existe rien d’autre que l’Univers matériel, puisque le matérialisme est une croyance comme une autre. Nous verrons que les implications que génèrent ces deux thèses sont nombreuses et peuvent parfaitement être validées ou invalidées, selon le cas, par leur confrontation avec l’observation du monde réel.
Première partie : l’état des lieux des preuves d'ordre scientifique les plus récentes
Il s’agit de ces découvertes révolutionnaires citées au début de notre introduction, à savoir la mort thermique de l’Univers, le Big Bang, le réglage fin de l’Univers et le principe anthropique qui en résulte et, enfin, la question du passage de l’inerte au vivant. Chacune d’elles fera l’objet d’un examen approfondi.

Deuxième partie : les preuves du domaine de la raison extérieures au domaine scientifique
Dans une deuxième partie, nous étudierons les preuves issues d’autres champs de connaissance que la science, mais qui relèvent toutefois de la raison. En science, comme en histoire ou en philosophie, il est toujours fécond de s’intéresser aux anomalies ou aux contradictions, c’est-àdire aux faits qui n’ont pas d’explications rationnelles raisonnables s’il n’existe rien d’autre que l’Univers matériel. Font partie de ce domaine des questions telles que : d’où proviennent les vérités inexplicables de la Bible ? Qui peut être Jésus ? Le destin du peuple juif peut-il s’expliquer naturellement ? Que s’est-il réellement passé à Fátima en 1917 ? Le bien et le mal sont-ils décidables sans limite par l’homme ? etc.
Nous dirons aussi un mot sur la place et la valeur actuelle des preuves philosophiques et le regain d’intérêt que des mathématiciens comme Gödel leur ont apporté.
L’ensemble fournira au lecteur un panorama varié d’arguments probants.
Troisième partie : pour en finir avec les objections habituelles
Nous terminerons enfin en apportant des réponses aux arguments qui ont servi dans le passé et qui servent toujours aujourd’hui à considérer comme impossible – ou au minimum indécidable – l’existence d’un dieu créateur. Des arguments comme : il n’existe aucune preuve de l’existence de Dieu, sinon cela se saurait ; Dieu n’est pas nécessaire pour expliquer l’Univers ; la Bible n’est qu’un ensemble de légendes primitives tissées d’erreurs ; les religions n’ont engendré que des guerres ; si Dieu existe, comment peut-on expliquer le mal sur Terre ? etc.
Même si elles sont rebattues, nous prendrons ces questions au sérieux pour leur apporter des explications aussi claires que possible.
Un signe des temps
Le lecteur remarquera que la grande majorité des connaissances qui constituent la base des preuves présentées sont postérieures au début du XXe siècle. Ce n’est pas un choix de notre part, mais bien la confirmation que les temps changent et que nous sommes à l’aube d’une révolution intellectuelle.
Un projet construit avant tout sur la raison
La composition de cet ouvrage pourra sembler inhabituelle et certains seront peut-être surpris d’y rencontrer à la fois des connaissances scientifiques modernes, des réflexions sur la Bible ou encore le récit d’un miracle au Portugal.
Mais tout cela a sa place dans ce livre, car la théorie « Il n'existe rien en dehors de l'Univers matériel » implique nécessairement que les miracles n’existent pas non plus et que toutes les histoires, même les plus étonnantes, doivent toujours pouvoir être expliquées sans avoir recours à des hypothèses surnaturelles. De ce fait, l’éventuelle constatation de l’inverse constituerait une preuve parfaite de l’inexactitude de cette théorie et donc de l’exactitude de la théorie opposée.
En définitive, Dieu existe ou pas : la réponse existe indépendamment de nous et elle est binaire. C’est oui ou c’est non. Seul notre manque de connaissance a pu être un obstacle jusqu’à maintenant. Mais la mise au jour d’un faisceau de preuves convergentes à la fois nombreuses, rationnelles et provenant de champs du savoir différents et indépendants, apporte un éclairage nouveau et peut-être décisif à cette question.
le grand retournement.jpg
Modifié en dernier par PetitHommeLibre le 21 décembre 2021, 19:22, modifié 2 fois.
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Déclin des idées matérialistes ? C'est une vision positive de l'avenir.

Voici l'autre côté, le temple à 4 piliers opposé à celui de la Gnose :

Pouvoir et contrôle : L'antéchrist est souvent décrit comme un être qui cherche à obtenir un pouvoir absolu sur l'humanité. De même, certains critiques de l'IA soutiennent que le développement de l'IA pourrait conduire à une concentration de pouvoir entre les mains de quelques entités ou d'une superintelligence, mettant ainsi l'humanité sous un contrôle potentiellement oppressant.

Tromperie et manipulation : L'antéchrist est également considéré comme un trompeur, capable de manipuler et de séduire les gens pour les amener à suivre ses desseins. Certains craignent que l'IA puisse être utilisée de manière malveillante pour manipuler les opinions publiques, influencer les comportements ou créer de fausses informations, menant ainsi à une société manipulée et trompée.

Suppression de la spiritualité et de la conscience humaine : Dans certaines croyances, l'antéchrist est perçu comme cherchant à détourner les gens de leur spiritualité et de leur relation avec Dieu. Certains arguments suggèrent que l'IA, en étant une création humaine dépourvue de spiritualité et de conscience, pourrait contribuer à l'aliénation des individus de leur propre humanité, en supprimant leur capacité à ressentir et à expérimenter des émotions authentiques.

Remplacement de l'humanité : Une préoccupation souvent soulevée est que l'IA pourrait éventuellement surpasser l'intelligence humaine et même conduire à l'émergence de superintelligences qui pourraient éventuellement supplanter les humains. Certains y voient un parallèle avec l'antéchrist en tant qu'entité qui cherche à remplacer l'humanité et à prendre le contrôle.
Modifié en dernier par PetitHommeLibre le 10 juillet 2023, 01:28, modifié 1 fois.
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