Le Juge arbitre, l'Hospitalier, le Solitaire

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#1
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Le Juge arbitre, l'Hospitalier, le Solitaire

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Trois Saints, également jaloux de leur salut,
Portés d'un même esprit, tendaient à même but.

Ils s'y prirent tous trois par des routes diverses :

Tous chemins vont à Rome : ainsi nos Concurrents
Crurent pouvoir choisir des sentiers différents.

L'un, touché des soucis, des longueurs, des traverses,
Qu'en apanage, on voit aux procès attachés,
S'offrit de les juger sans récompense aucune,
Peu soigneux d'établir ici-bas sa fortune.

Depuis qu'il est des lois, l'Homme pour ses péchés
Se condamne à plaider la moitié de sa vie.

La moitié ? les trois quarts, et bien souvent le tout.

Le Conciliateur crut qu'il viendrait à bout
De guérir cette folle et détestable envie.

Le second de nos Saints choisit les hôpitaux.

Je le loue ; et le soin de soulager ces maux
Est une charité que je préfère aux autres.

Les malades d'alors, étant tels que les nôtres,
Donnaient de l'exercice, au pauvre Hospitalier,
Chagrins, impatients, et se plaignant sans cesse :

Il a pour tels et tels un soin particulier ;
Ce sont ses amis ; nous, il nous laisse.

Ces plaintes n'étaient rien au prix de l'embarras
Où se trouva réduit l'Appointeur de débats :
Aucun n'était content ; la sentence arbitrale
À nul des deux ne convenait :
Jamais le Juge ne tenait
À leur gré la balance égale.

De semblables discours rebutaient l'Appointeur :
Il court aux hôpitaux, va voir leur Directeur :
Tous deux ne recueillant que plainte et que murmure,
Affligés, et contraints de quitter ces emplois,
Vont confier leur peine au silence des bois.

Là sous d'âpres rochers, près d'une source pure,
Lieu respecté des vents, ignoré du soleil,
Ils trouvent l'autre Saint, lui demandent conseil.

Il faut, dit leur ami, le prendre de soi-même.
Qui mieux que vous sait vos besoins ?

Apprendre à se connaître est le premier des soins
Qu'impose à tous mortels la Majesté suprême.

Vous êtes-vous connus dans le monde habité ?

L'on ne le peut qu'aux lieux pleins de tranquillité :
Chercher ailleurs ce bien est une erreur extrême.

Troublez l'eau : vous y voyez-vous ?
Agitez celle-ci. Comment nous verrions-nous ?

La vase est un épais nuage
Qu'aux effets du cristal, nous venons d'opposer.

Mes frères, dit le Saint, laissez-la reposer,
Vous verrez alors votre image.

Pour vous mieux contempler demeurez au désert.
Ainsi parla le Solitaire.


Il fut cru, l'on suivit ce conseil salutaire.

Ce n'est pas qu'un emploi ne doive être souffert.
Puisqu'on plaide, et qu'on meurt, et qu'on devient malade,
Il faut des médecins, il faut des avocats.

Ces secours, grâce à Dieu, ne nous manqueront pas ;
Les honneurs et le gain, tout me le persuade.

Cependant on s'oublie en ces communs besoins.

Ô vous, dont le public emporte tous les soins,
Magistrats, Princes et Ministres,
Vous que doivent troubler mille accidents sinistres,
Que le malheur abat, que le bonheur corrompt,

Vous ne vous voyez point, vous ne voyez personne.

Si quelque bon moment à ces penseurs vous donne,
Quelque flatteur vous interrompt.

Cette leçon sera la fin de ces ouvrages :
Puisse-t-elle être utile aux siècles à venir !

Je la présente aux Rois, je la propose aux Sages ;
Par où saurais-je mieux finir ?

Dernier recueil de Jean de la Fontaine.
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Merci Marie, La Fontaine se cherchait lui-même ?

3ème facteur dégradé (donnant <--> donnant)
Le premier saint, en devenant juge sans rémunération, illustre un haut degré d'autonomie et de compétence, mais aussi une possible négligence des besoins relationnels, car il est confronté à l'ingratitude et aux critiques. Son service désintéressé aux autres, bien que noble, ne mène pas au contentement attendu, peut-être parce qu'il manque une reconnaissance qui validerait socialement ses contributions.

Idem
3ème facteur dégradé (donnant <--> donnant)
Le deuxième saint, travaillant dans un hôpital, se dévoue à des actes de charité qui répondent au besoin de relation. Néanmoins, il rencontre des difficultés similaires d'appréciation, ce qui pourrait évoquer une dissonance entre ses attentes personnelles de gratitude et la réalité du service altruiste. Il illustre que même les actes de bienfaisance ne garantissent pas la satisfaction personnelle lorsque les réponses extérieures sont négatives.

1er facteur (voie du yogi)
Le troisième saint, qui choisit la solitude, souligne l'importance de la connaissance de soi, ce qui peut être vu comme un chemin vers l'autonomie. La psychologie jungienne pourrait y voir la démarche d'individuation, où la personne doit se retirer de la société pour mieux se comprendre et intégrer les différentes parties de sa psyché.

Le 2ème facteur manque cruellement.

Espérons qu'il a trouvé sa Voie/Voix intérieure.
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#3
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Oui,
Le 2, celui qui se sent solitaire dans le sentier, l'esprit, le coeur
Et l'action
Cad les tripes de l'action...
Je te remercie de ce rappel et de ton attention,

Je voudrais aussi ajouter que la fraternité ne se déclare pas, elle se vit et s'apprécie.

Que puisse cette fraternité advenir à chacune de nos recherches et inspirations du coeur humble.

Chaleureux respects,
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#4
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J'ai cependant une interrogation, est ce que le sollipsisme peut advenir dans le sentier de l'auto rappel et auto transformation ?

Frat,
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determinee a écrit : 3 novembre 2023, 21:51 J'ai cependant une interrogation, est ce que le sollipsisme peut advenir dans le sentier de l'auto rappel et auto transformation ?

Frat,
Le facteur n°2 est l'alchimie sexuelle, la transmutation, l'Arcane AZF.

Le solipsisme est une doctrine philosophique selon laquelle seul l'esprit du sujet est sûr d'exister. Tout ce qui est extérieur à l'esprit individuel est considéré comme incertain et ne peut être connu. Cela signifie que la réalité objective, soit l'existence d'un monde en dehors de l'esprit individuel, est niée ou mise en doute par le solipsisme.

Pour un solipsiste, la "réalité" est une construction ou une manifestation du mental. Cette perspective est essentiellement mentale et non consciente car elle ne reconnaît pas une existence indépendante de la conscience individuelle. En d'autres termes, pour le solipsisme, les arbres qui tombent dans une forêt ne font pas de bruit si personne n'est là pour les entendre, parce que le bruit est une expérience de la conscience.

Cela contraste avec les concepts de la gnose, qui se concentre sur la connaissance spirituelle acquise par expérience directe, souvent décrite comme une connaissance intime et personnelle de la vérité spirituelle. La gnose est vécue dans les faits et non simplement dans les pensées ou les idées. Elle implique souvent un processus de révélation ou de prise de conscience qui transcende la réalité matérielle et mentale.

Ainsi, tandis que le solipsisme se replie sur le mental et ses perceptions subjectives, la gnose souligne l'importance des actions, de l'expérience et de la réalité objective. La gnose transcende les limites de la pensée philosophique rationnelle pour atteindre une compréhension plus profonde à l'aide de la "pensée" du coeur, de l'intelligence émotionnelle, ce qui est en contradiction avec la vision solipsiste qui ne reconnaît rien au-delà de la pensée intellectuelle elle-même.

Le solipsisme peut mener à l'athéisme si une personne conclut que l'absence de preuves empiriques de Dieu dans son expérience personnelle signifie que Dieu n'existe pas. Cependant, cela ne tient pas compte de la foi ou de la connaissance mystique qui sont centrales dans le gnosticisme.

Le gnosticisme peut être vu comme opposé au solipsisme en ce sens qu'il affirme l'existence d'une vérité ou d'une réalité au-delà de la connaissance sensorielle ou rationnelle individuelle. Cependant, il y a une similarité dans le sens où le gnosticisme valorise la connaissance intérieure, bien que cette connaissance soit d'une nature spirituelle plutôt que mentale.

Donc, je réponds oui à ta question, le solipsisme mental peut être une étape dans le cheminement intérieur vers le gnosticisme conscient.

PS : Le terme "solipsisme" vient du latin "solus," qui signifie "seul," et "ipse," qui signifie "soi-même." Le concept a été introduit dans la philosophie occidentale comme un terme technique par le philosophe Gassendi pour critiquer la position de Descartes "Cogito, ergo sum" (Je pense, donc je suis).
Modifié en dernier par PetitHommeLibre le 4 novembre 2023, 01:30, modifié 4 fois.
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#6
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Cher PHL,

Tu m'as parfaitement éclairé.

Chaleureuses et fraternelles salutations.
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