Réflexions sur la façon dont on aborde les études gnostiques et comment des erreurs de débutant deviennent la façon de penser de beaucoup d'"anciens".
Qui sommes-nous ?
En tant qu'étincelle divine, Essence ou particule issue de l’Être, de l'Esprit ou d'Atman, notre dieu intérieur (ou maître intérieur), nous recevons de lui sa force, son énergie et ses impulsions.
Pourquoi notre essence ne perçoit pas l’Être plus directement ?
Parce que nous nous sommes trop éloigné de Lui. Notre Essence s'est trop arrangée avec l'ego, avec toutes les passions et les plaisirs matériels de sorte à ce que les facultés naturelles de l'essence s'en sont trouvées complètement altérées.
La vérité c'est que nous ne savons penser, ressentir et agir qu'au travers de notre personnalité et que nous sommes si identifié à cette personnalité que c'est très difficile pour l'essence d'avoir conscience de sa nature, d'elle-même, et donc encore plus difficile d'être en lien avec l’Être et sa nature.
Que ressentons-nous de l’Être actuellement ?
A part une inquiétude spirituelle ou cette motivation pour nous éveiller, pour connaître la vérité, pour nous libérer... tout le reste ce n'est que l'expression de notre personnalité au travers de laquelle s'exprime l'ego.
Comment l’Être peut-il nous atteindre et nous enseigner ?
En mettant sur notre route un livre, un site, une personne, etc. ou quelque chose de particulier.
Les « gnostiques » le savent mais leur personnalité en fait quoi ?
Ils pensent et analysent la vie ainsi : est-ce la volonté de l’Être ou est-ce mon karma ou l'ego ?
Et ils pensent ainsi avec tout : est-ce que cette femme est la bonne ou est-ce seulement une récurrence, le karma, l'ego, une séductrice qui veut me détourner du chemin, etc...
Et pour un instructeur, c'est la même chose : est-ce l’Être qui l'envoie ou est-ce un charlatan ?
Voilà, le triste sort réservé à l'idée selon laquelle l’Être se sert des circonstances de la vie pour nous aider, pour que l'on s'éveille, pour que l'on approfondisse notre compréhension, etc.
La maladie du fanatisme gnostique pousse les individus à tout analyser ainsi : est-ce l'Intime qui essaye de me parler au travers de cette personne, est-ce que l'Intime essaye de m'enseigner quelque chose au travers de cette situation ?
« Ah oui, grâce à cette personne qui m'a mise en colère, je comprends mieux mon ego, c'est douloureux mais c'est ainsi le travail gnostique... etc., etc. »
De quoi avons-nous le plus besoin ?
Pour apprendre nous avons besoin d'une personne qui puisse nous dire : là tu te trompes, là tu fabules, là tu rêves, là tu fantasmes, là tu raisonnes mal, etc., etc. Nous avons besoin de quelqu'un qui nous montre ce que nous n'arrivons pas à voir et qui nous rend si inconscient.
N'importe qui peut remplir ce rôle et les gens ont cette faculté naturelle pour nous dire des choses extrêmement vexantes que dans un premier temps on trouve si extraordinairement injuste qu'on ne saurait l'accepter mais qui sont en réalité la plus parfaite des vérités.
Une vérité inacceptable en l'état, surtout prononcée par des personnes tout juste bonnes à critiquer et se plaindre de tout et de rien. Alors quelle solution pour nous, pour qu'on ait une chance de se rendre compte de nos erreurs ?
Il nous faudrait un instructeur, un professeur, un guide, un guru, n'est-ce pas ?
Mais comment cela peut-il être possible si nous sommes déjà rempli d'exigences extraordinaires ?
On ne veut pas apprendre de gens communs et ordinaires, nous, on préférerait un Maître véritable n'est-ce pas ? Certes, comme ce serait idéal... mais selon notre façon de penser seulement.
Ce qu'il faudrait changer dans sa façon de penser
Pour que l'aide que nous apporte notre Intime soit profitable il faudrait considérer que tout ce que l'on vit est une source d'enseignement potentiel.
Mais pour cela, il faudrait arrêter de penser comme des juges, il faudrait arrêter de raisonner comme si nous étions des personnes très au fait de ce qui bon ou pas pour nous et de condamner ou d'apprécier telle ou telle chose selon ce point de vue que nous « on sait », nous « on connaît », parce que « l'enseignement a dit que... »: alors ça j'accepte et ça je n'accepte pas, ça c'est bon pour moi, ça c'est divin, et ça c'est mauvais, c'est le diable !
Au lieu de nous laisser enseigner par toute situation, on essaye d'évaluer les choses à l'avance et quand les événements nous dépassent, on finit par se justifier et justifier ce qui nous arrive comme devant forcément avoir une raison transcendante ou bien se lamenter et culpabiliser de n'être pas à la hauteur de notre idéal. Comme si s'était cela que notre Être attendait de nous.
Voilà comment une pensée fanatisée se développe chez toute personne qui s'intéresse vraiment à la spiritualité.
Pourquoi ? Plusieurs raisons à cela, comme celles-ci :
- Parce qu'on fait travailler notre intellect sur la base d'une perception erronée qui est celle de notre personnalité: on se sent quelqu'un, on s'identifie à un rôle, au chercheur de vérité, au mage, à l'ésotériste, etc.
- On confond notre idéal, la foi que l'on porte aux enseignements avec un costume qu'il faudrait revêtir pour correspondre au plus prêt à ce à quoi on aspire.
Nous commençons tous comme des perroquets...
Cet obstacle est incontournable et si fréquent qu'on devrait pouvoir s'en sortir aisément.
Mais il est rédhibitoire, sans concession possible si on ne le dépasse pas. Il faut le traverser avec succès, sinon qu'importe le temps que l'on passe à étudier la gnose et à faire des pratiques, on peut même y passer des années, voire des décennies dans des efforts mal orientés, vains et complètement inutiles à cause de cette façon erronée de penser:"on croit savoir", on agit, on pense, on ressent comme si on était des personnes conscientes.
Le rôle des obstacles et des erreurs
L’Être ne peut pas nous éviter les obstacles en tant que tel, puisque les obstacles sont là pour nous servir d'exercice, pour nous forcer à réfléchir, à comprendre, etc. On peut même considérer qu'une difficulté est juste la façon que l'on a de percevoir un événement au travers du prisme de notre ignorance ou de notre fantaisie.
C'est même pour cela que l'on peut lire dans certains enseignements que les difficultés sont avant tout dans notre tête.
C'est une façon de dire, que notre niveau de conscience détermine ce que nous voyons.
Mais chercher des explications pour justifier ce qui nous arrive est vain. C'est une façon erronée de penser et surtout de vivre.
Cela nous amène à vouloir anticiper sur les événements en voulant savoir si c'est « bon » et en accord avec notre Être de faire ceci ou cela, comme le ferait un docteur de la Loi, un moraliste.
Le chemin de l'éveil est un chemin en totale contradiction avec cet esprit moraliste qui définit à l'avance ce qui est juste et bon.
Quelle est le rôle de l’Être dans notre processus d'apprentissage ?
Dans notre vie, que l'on soit gnostique ou pas, l’Être est là pour nous impulser, telle une main qui nous donne de l'élan pour vivre, pour explorer, pour expérimenter. Son élan nous donne une direction mais très vite on ne sait plus s'il faut aller de gauche ou de droite.
Nous ne le savons pas et c'est pour cela que nous avons le choix et la possibilité de nous tromper.
Se tromper ce n'est pas « mal » ou « mauvais » en soit. C'est peut-être la seule façon d'apprendre vraiment les choses.
L’Être n'est pas ce juge sévère qui trône tel un monarque. C'est notre Esprit divin, c'est notre raison d'être véritable, la chose la plus délicate et la plus subtile que l'on puisse imaginer.
Alors pourquoi ne sommes-nous pas en paix avec Lui ?
Voilà une façon correcte de s'interroger et qui définit assez bien l'axe de travail qui mène l'éveil.
De quoi avons-nous peur ?
Le «fanatique» a peur de se tromper, il tremble en pensant à la Loi, au Karma et de fait il joue les bonnes personnes. Il s'enferme ainsi dans la crainte, la couardise, la paresse et la justification.
Voilà une autre explication à cette façon erronée que l'on a de penser à dieu comme un tyran : le peur de se tromper, la peur d'être puni, la peur de perdre son âme, etc.. Et des peurs nous en avons plein d'autres qui sont autant de raisons qui nous poussent, malgré nous, à nous voiler la face, à nous cacher, à fuir nos responsabilités, à nous détourner de notre réalité intérieure.
Nous avons donc besoin d'une autre main, ou plutôt d'une autre voix qui vienne nous aider à sortir de derrière nos masques pour que notre crainte de dieu soit un moteur et plus une raison supplémentaire de nous cacher.
Quel est le point de départ de la connaissance de soi
N'importe quelle situation est une occasion d'apprendre. Inutile de se torturer l'esprit pour savoir si c'est là la main ou la voix de dieu. A quoi cela sert-il de savoir cela si ce n'est par peur ?
On a peur de ce que révèle nos actes et nos pensées, alors on demande à dieu : « seigneur, ne me permets pas de mal agir, aide moi. » ou quelque chose comme ça, non ?
Ok, mais comment prendre la mesure ce qui est en nous et qu'il faut éradiquer si on se le cache, si déjà on craint de le voir ? Comment va-t-on comprendre l'ego si on en a peur, si on le fuit ?
Pour connaître, il faut comprendre et pour comprendre, il faut commencer par savoir accepter.
Si on fait l'inverse on aura cette tendance à vouloir connaître d'abord, pour savoir si ça vaut le coup, si on peut faire confiance, si c'est utile etc. et on va s'enfermer dans une morale.
Comment penser de façon plus juste ?
C'est notre ouverture d'esprit, notre envie d'apprendre qui compte, pas l'origine des choses.
On peut apprendre de mages noirs, on peut apprendre de nos amis volages, de membres de notre famille qui sont athées, arrogants, malhonnêtes, etc. Ils sont le miroir dans lequel tout véritable ésotériste sait regarder sans ciller une seule seconde.
Mais cela demande d'être éveillé, cela demande déjà un travail préparatoire que nous n'avons pas encore fait.
Voilà la bonne façon de penser : se demander si on n'essaye pas de faire ce qui est trop difficile pour nous, si nos attentes et notre idéal ne demandent pas de se préparer autrement et à notre propre niveau.
On dit : « mon Intime me guide ! », comme si cela était automatique et nous demandait aucun effort de compréhension, aucune réflexion, aucune remise en question.
On devrait plutôt lui demander quelque chose comme : « Mon dieu, montre moi par où je dois commencer, ce que je peux réaliser à mon niveau ».
Que veut dire ne plus se comporter comme un enfant ?
Dans l'esprit des croyants, si c'est dieu qui parle, alors je fonce mais si c'est le diable, alors je me détourne.
Voilà pourquoi on se préoccupe tant de savoir si ce qu'on doit faire est juste ou pas et comment on devrait se comporter face à ceci ou cela, etc.
On aimerait que les choses soient bien définies au départ, avec des consignes bien claires, pour être certain de bien faire comme il faut. Voilà comment la religion nous vend notre salut au ciel : si tu fais comme c'est écrit, alors tu seras sauvé...
Nous devons cesser de penser ainsi, selon ces vieux formats, dans ces vieilles outres du mental qui sont propres aux enfants craintifs.
On a tendance à utiliser l'enseignement gnostique comme une religion classique, à le transformer en code de moral, à résumer l'enseignement à des choses à faire et ne pas faire. S'interroger sur le comment ne provoque qu'une rallonge de conseils successifs qui se mordent la queue sans espoir de savoir par où commencer. Tout semble devoir être réalisé sans discussion possible, c'est ainsi, faut faire des efforts, faut se concentrer, faut prier, faut ceci, faut cela, etc.
Nous avons besoin de pouvoir mettre le vin nouveau de l'enseignement gnostique dans de nouvelles outres, dans de nouvelles dispositions d'esprit, celles d'adultes que la moindre souffrance n'effraie pas au point de chercher tout de suite le réconfort de certitudes toutes faites.
Un enfant a juste besoin des bras réconfortant d'une maman et de paroles apaisantes.
Un adulte a besoin d'un guide et d'indications qui pointent ses erreurs avec compréhension.
Conclusion
Au départ, le rôle de l'instructeur est donc de veiller à ce que vous changiez votre façon de penser pour ne pas que vous continuiez à vous tromper indéfiniment avec vos vieux schémas mentaux.
Il n'est pas nécessaire qu'il soit très avancé pour cela, vous pourriez même utiliser un voisin ou un membre de votre famille s'il était disposé à vous aider dans ce sens: vous pointer vos incohérences avec patience et sans vous assommer de conseils et d'injonctions diverses, ni de condamnations ou de menaces liées aux affres de l'enfer et de la damnation éternelle pour que vous changiez sur le champ!
Ce rôle de l'instructeur est délicat parce que cela ne peut se faire que dans la confiance et l'entraide, tout en acceptant que fatalement, la vérité est quelque chose qui n'est jamais facile à percevoir et à accepter.
Êtes-vous prêt pour cela?
On le dit autrement ailleurs: quand le disciple est prêt, le maître apparait... le problème c'est qu'on donne à ces mots une qualité qui ne correspond pas à notre réalité du moment ou alors à une réalité fantasmée.
Dans tous les cas, la remise en question vient de vous et de vous seul, personne ne peut faire ce travail à votre place.