Poèmes à Marion

Répondre
Hors ligne Gemani
#1
Avatar du membre
Messages : 8034
Enregistré le : 25 septembre 2008
Localisation : Sud des Landes, à 10 mn des plages!
Sexe :
Zodiaque :
Contact :

Poèmes à Marion

Message le

L'AMOUREUSE ECONDUITE

Au premier jour qu'il la vit,
Il la traita plus bas que terre.
Et cela éveilla en elle une envie
Jusqu'à tout tenter pour lui plair

Craignant ses yeux pétillants de malice,
Il s'évertuait à la décourager à loisir
Ne sachant pas trop par quels supplices
Elle avait décidé de l'anoblir.

Alors, prétextant un faux danger,
Elle vint lui demander assistance
Et lui, tout fier de sa lame forgée,
Trancha de suite le bras de la vengeance.

N'ayant plus l'occasion de le voir depuis peu,
Elle lança vers lui comme un appel
Pour que de son nom, il se souvienne mieux
Et qu'au lendemain, il la voit belle.

S'assurant qu'il s'agissait bien d'elle, il la salua.
Mais elle, craignant de le perdre aussitôt
Vint lui demander comment le voir çà et là
Le rattrapant presque par dessous le manteau.

Comme il la savait venir dans la place,
Il s'installa au plus près pour la voir
Faisant mine de ranger quelques liasses
Dans l'obscurité du petit isoloir.

Il attendit et quand elle apparut dans le champ,
Elle ne leva pas les yeux jusqu'à lui.
Mais autour d'elle, connaissant son penchant
De bouche à oreille, la nouvelle se répandit.

Alors, se levant, elle l'aperçut enfin.
Il exulta sans rien montrer au dehors.
Elle le gratifia d'un coucou de la main
Avant qu'il ne décida de partir encore.


Harangué par elle chaque fois qu'elle croisait son chemin,
Il trouvait la chose délicieusement agréable.
Malgré cela, il conservait son faux air austère et lointain
Pour ne pas la laisser penser à l'incroyable.

Il dit n'avoir rien eu pour les fêtes de Noël
A seule fin qu'elle s'en inquiète
Et pénètre dans l'enceinte de la citadelle
Avec l'espoir que son image s'y reflète.

Elle avança encouragée par ses pairs
S'approchant du trône pour le surplomber
Mieux qu'une courtisane aurait su le faire
En présentant des hommages au rabais.

Là, il vit dans ses yeux une ribambelle d'étoiles
Auxquelles il s'interdisait de répondre en vain
Ne voulant pas déchirer la trame du voile
Et briser tout l'espoir d'un amour prochain.

Elle fit trahir sa flamme par un coeur ouvragé
Où leurs deux noms figuraient de concert
Pour lui soumettre l'idée qu'un amour partagé
Ne serait guère en fait pour lui déplaire.

Déclaration d'amour sous de mauvaises augures
Au point qu'il la juge comme intriguante
A la tournée des tables en déconfiture
Dans la compagnie de charmants qu'elle s'invente.

Tant il se trouve enragé d'amour pour elle
Qu'il la persécute sans le vouloir vraiment.
De tous les maux, il accable la belle
Qui s'indigne d'un profond ressentiment.

Adossée au mur, le dédaignant du regard
Grimaçant et se montrant plus garce qu'amoureuse,
Elle défaisait par la même le fil de l'histoire
Qu'elle avait tressé de ses formes gracieuses.

A maintes reprises, le coeur brisé, elle partit
Pour dés le lendemain lui refaire la cour
En se blessant encore aux bouquets d'orties
Dissimulés à l'ombre du chagrin d'amour.


Se proposant de sortir avec lui par l'entremise d'une amie,
Il ose prétendre qu'il mérite bien mieux selon lui.
Alors elle retourne vers les autres qui lui sont promis
Cachant les coulées de larmes dont son coeur est empli.

Allant même jusqu'à lui montrer de sa plus belle écriture
Un billet doux lui précisant qu'elle l'aime à la folie,
Il ne trouve rien d'autre qu'à reporter cet amour si pur,
Cette passion par trop voluptueuse sur un autre que lui.

Il la voit faire la bise à son amie sans qu'il ose
Lui dire : "Et moi, tu ne m'embrasses pas ?"
Comme un collier de perles qui explose,
La voilà qui s'en retourne tout là-bas.

Enfin, il s'effondre en perdant sa belle assurance,
La désirant auprès de lui sur le champ,
Mais elle refuse d'être seule en sa présence
Et s'éloigne bien vite dans le soleil couchant.

Intimidée peut-être qu'il soit assis là,
Elle ne voulait pas auprès de lui s'asseoir.
Alors jouant les indifférentes, elle s'en va
Sans même lui dire un mot d'au revoir.

Lui de même ne se retourna pas
Préférant ne pas la troubler davantage.
Trop proche et trop lointaine à la fois
Pour venir offrir son coeur en gage !

Devant la boîte à images, elle ne daigna pas venir.
Il l'observait dire des messes basses aux alentours.
C'est bien avant qu'il aurait du s'en prémunir.
Il était maintenant trop tard pour les choses de l'amour.




LES AVEUX DU COEUR



Elle s'était assise tout près, transie d'émotions et heureuse.
Il lui proposa qu'elle vienne s'installer face à lui
Pour soi-disant l'aider à maîtriser sa tension nerveuse,
Mais en vérité, c'était de la contempler dont il avait envie.

En effet, quand il essayait de la dévisager,
Elle évitait toujours son regard cherchant à s'y soustraire
Tandis que lui ne parvenait jamais à s'en dégager
Une fois qu'il avait plongé dans ses yeux clairs.

D'une voisine qu'il avait eue pour amie,
Il s'en fit une compagne qu'il avait rejetée
Jouant ainsi les machos égoïstes et insoumis
Leur faisant croire ce qui n'avait jamais été.

Bien qu'il s'employait avec une patience infinie à les faire asseoir
Et qu'elles se permettaient de lui tenir tête en refusant d'obéir,
Elles décidèrent de s'en aller et il dit souhaiter ne plus jamais les revoir !
Alors, elle cru bon lui rappeler sa nature égoïste pour l'infléchir.

Elle frappait à la vitre son amour
Et lui faisait comme s'il n'existait pas ;
Elle s'en retourna le coeur lourd,
Tournant la page qui s'effaçait déjà.

Après avoir discouru un moment sur l'amitié,
Il s'en été allé fermer pieusement la porte
Et revenant, il avait feint de les avoir oubliées
S'asseyant en leur tournant le dos de la sorte.

Etourdi par ses nombreux rires en cascade
Toujours provoqués par de plus entreprenants,
Il s'enhardit à lui en faire injustement la brimade
Bien qu'en fait, c'était eux qu'il trouvait gênants.

Elle avait su dompter son côté sauvage
Pour le réduire à faire n'importe quoi.
Et déjà venaient s'agglutiner les pages
Pour lui témoigner d'un amour sans loi.





UN MIDI BIEN MOUVEMENTE



Alors qu'elle l'autorisait à sa table, il déclina l'invitation
Afin que la personne qui l'accompagnait n'en soit pas surprise.
Pourtant, il fallait bien qu'il lui fasse sa déclaration
Persuadé que de lui, elle s'était éprise.

Il se devait donc de ne pas la quitter des yeux.
Elle se leva et partit déposer son plateau
Il s'en voulait d'avoir été tellement odieux.
Mais par bonheur, elle revint s'asseoir aussitôt.

Comme elle était belle en se retournant,
Un peu inquiète du ton brutal que l'homme avait pris
Pour chasser quelques indésirables avoisinant
Se sachant elle-même en tort de ne pas être partie.

Il se sentit mal quand il la vit partir.
Alors, il s'en alla flâner espérant la retrouver
Se donnant toute l'envergure d'un satyre
Qu'aucun n'aurait pu dans sa marche, entraver.

Bientôt, il l'aperçut au loin dans l'herbe rase.
Pour une fois, c'était lui qui allait vers elle.
Il fallait de la discrétion pour qu'aucun ne jase
Surtout qu'elle était flanquée d'un joyeux panel !

Il apprit qu'elle les avait renseignés sur son amour.
Mais comment être sûr qu'ils ne mentaient pas ?
Elle semblait dénier lui avoir fait la cour,
Qu'il n'était qu'un copain et pas plus que ça !

Bien qu'elle semblait se jouer de lui ouvertement,
Elle contenait ses émotions en arrachant l'herbe clairsemée
Pour la jeter aux délateurs qui s'en amusaient gaiement
Comme si eux aussi avaient le coeur enflammé.

Enfin, il jeta de la plus vile manière
Le précieux poème qu'il lui avait écrit.
Puis il s'enfuit reprenant sa mine austère
Pour cacher au monde le nom de son égérie.
Répondre

Retourner vers « Poèmes et Nouvelles de Gémani »